mercredi, mai 31, 2006

Les Trois Grâces

J'admire en vous ce soupçon d'embonpoint qui n'exclut point la grâce.
Georges Courteline, La conversion d'Alceste.


Jan Saudek

Dans la mythologie grecque, les Charites, assimilées aux Grâces par les Romains, sont des déesses personnifiant la vie dans toute sa plénitude. Comme tous les dieux et déesses, elles sont éternellement jeunes et belles, à l'âge que les Grecs considéraient comme celui de la plénitude, entre quinze et vingt ans. Selon Hésiode, elles sont les filles de Zeus et d'Eurynomé. Certaines traditions tardives en font plutôt les filles d'Hélios (le Soleil) et d'Églé, ou de Dionysos et de Coronis.

Elles étaient généralement trois :

Euphrosyne est la joie poussée à son sommet, l'allégresse, la joie de vivre que l'on ressent dans un banquet (tel le banquet éternel des dieux auquel les hommes participaient au début du récit de la Théogonie) ;

Thalie est la personnification de l'abondance, voire la surabondance, le trop-plein de vie, qui se prodigue comme un don ;

Aglaé, ou Pasithée est la beauté dans ce qu'elle a de plus éblouissant, la splendeur.

Dans les temps primitifs, on n'honorait à Sparte que deux Charites : Cléta (bruit) et Phaenna (éclat), qui, chez les Athéniens, portaient les noms d'Auxo (qui croit) et Hégémone (conductrice). C'est Hésiode qui portera leur nombre à trois.

Elles personnifient le mode de vie festif, de dépense, qui permet de vivre la vie dans ce qu'elle a de plus intense. Les Charites sont la vie telle que l'entendaient les Grecs. Ainsi, chez eux, tous ce qui est reçu est une charis, une grâce (ou une gratification) : dans une société fondée sur le don (charitsomaï) et le contre-don, elles sont donc intégrées au système de valeurs, en plus d'être un idéal de vie festive.
Elles incarnent le désir de l'homme, et sont l'incarnation de la vie, mais pas dans sa différence avec la mort (thanatos) : le bios qui désigne le vivant ; elles incarnent la zoé, la vie quand elle est plus intense. Elles président ainsi à toutes les activités ludiques (d'où leurs représentations en danses et en jeux), à toutes les activités gratuites : la sexualité en-dehors du mariage, le festin (le repas en l'absence de faim), la danse (l'activité physique sans nécessité, pour le plaisir).
Cependant, cette forme supérieure que peut revêtir la vie ne l'est que dans l'ordre. Pour que la vie puisse s'épanouir à ce point, il est nécessaire qu'un roi règne. Ainsi, elles sont souvent représentées dansant ; la danse qu'elles exécutent est très différente de celles des Ménades qui escortent Dionysos. Elle est dirigée par Apollon qui joue de la cithare, dictant le rythme de la danse, en découpant le temps et les mouvements en périodes régulières. De même, les fêtes humaines qu'elles président ne se font qu'à certains moments de l'année, à des dates réglées à l'avance.
Les Charites ont comme divinités symétriques les Érinyes, divinités de la haine et de la vengeance, elles aussi soumises à l'ordre du roi. Dans les sociétés antiques, l'échange (le don) est requis pour arrêter le cycle de la vengeance, pour exorciser l'ambivalence de la vie : on échange des cadeaux contre la vie.

La grâce peut être de différentes sortes :
la grâce érotique, versée par Aphrodite, inspire le désir sexuel ;
la grâce du guerrier, qui est la gloire ;
la grâce du roi, qui inspire le respect (notre charisme).

La charis peut également être versée sur les hommes. Ainsi Ulysse, qui sort du bain préparé par Nausicaa, et reçoit la charis d'Athéna, devient d'apparence pareil à un dieu.
On les représente d'abord comme toutes les déesses, vêtues et voilées mais plus tard, elles apparaissent complétement nues. Elles font partie du cortège d'Aphrodite.

[wikipedia]



Les Trois Grâces, Vè siècle avant JC.



Botticelli (1445-1510)


Raphael (1483-1520)







Rubens (1577-1640)

Henri-Victor Régnault (1810-1878)




Elie Russel

Pourquoi sont-elles trois ? Qui est celle représentée de dos ?
A vrai dire je ne sais pas ! Le savez-vous ?

Il se peut que les trois Grâces soient la représentation des trois âges de la femme...
La première "Aglaé", la jeune fille serait celle à gauche, elle regarde les deux autres avec "envie"
Celle du milieu : l'âge de la mère qui cache son corps et la troisième, l'âge de la ménopause, souvent de connivence avec celle du milieu... ?

mardi, mai 30, 2006

Trinité

Emile Bernard, Les trois races (1898).

La fleur est en même temps sein, bouche et sexe, femme au complet, sexe-trinité dans l'unité.

Malcolm de Chazal, Sens plastique.

lundi, mai 29, 2006

La belle irlandaise

Don Juan

Gloire à qui freine à mort, de peur d'écrabouiller

Le hérisson perdu, le crapaud fourvoyé

Et gloire à don Juan, d'avoir un jour souri

A celle à qui les autres n'attachaient aucun prix

Cette fille est trop vilaine, il me la faut

Gloire au flic qui barrait le passage aux autos

Pour laisser traverser les chats de Léautaud

Et gloire à don Juan d'avoir pris rendez-vous

Avec la délaissée, que l'amour désavoue

Cette fille est trop vilaine, il me la faut

Gloire au premier venu qui passe et qui se tait

Quand la canaille crie haro sur le baudet

Et gloire à don Juan pour ses galants discours

A celle à qui les autres faisaient jamais la cour

Cette fille est trop vilaine, il me la faut

Et gloire à ce curé sauvant son ennemi

Lors du massacre de la Saint-Barthélémy

Et gloire à don Juan qui couvrit de baisers

La fille que les autres refusaient d'embrasser

Cette fille est trop vilaine, il me la faut

Et gloire à ce soldat qui jeta son fusil

Plutôt que d'achever l'otage à sa merci

Et gloire à don Juan d'avoir osé trousser

Celle dont le jupon restait toujours baissé

Cette fille est trop vilaine, il me la faut

Gloire à la bonne sœur qui, par temps pas très chaud

Dégela dans sa main le pénis du manchot

Et gloire à don Juan qui fit reluire un soir

Ce cul déshérité ne sachant que s'asseoir

Cette fille est trop vilaine, il me la faut

Gloire à qui n'ayant pas d'idéal sacro-saint

Se borne à ne pas trop emmerder ses voisins

Et gloire à don Juan qui rendit femme celle

Qui, sans lui, quelle horreur, serait morte pucelle

Cette fille est trop vilaine, il me la faut

Georges Brassens

Gustave Courbet, La belle irlandaise.




À l’époque de la réalisation du tableau, le modèle préféré de Courbet était une jeune femme, Joanna Hiffernan, dite Jo. C’est son amant James Whistler, peintre américain admirateur et disciple de Courbet, qui l’avait prêtée à Courbet.
En 1866 Courbet réalisa un autre tableau, La belle Irlandaise, dont le modèle était Joanna Hiffernan. En tout Courbet réalisa quatre portraits de Jo. Elle fut vraisemblablement le modèle de L’Origine du monde, ce qui expliquerait la brutale séparation entre Courbet et Whistler peu de temps après la réalisation de l’œuvre. Whistler retourna ensuite aux États-Unis laissant un testament en faveur de Jo. Malgré la différence de coloration des cheveux roux de Jo et des poils pubiens plus sombres de L’Origine du monde, l’hypothèse que Jo ait été le modèle de ce dernier prévaut.
Dans J’étais l’origine du monde, publié en 2000 la romancière Christine Orban prend parti en imaginant comment la narratrice, Joanna Hiffernan, fut l’amante de Courbet et le modèle du fameux tableau. Déjà Bernard Teyssèdre, dans Le roman de l’origine 1996 dont le personnage central est le tableau lui-même ("il lui en arrive, des aventures!") avait proposé de voir en Joanna Hiffernan le modèle.

J'ai déjà écris un message sur ce tableau : "L'origine du monde" mais je ne sais plus quand.

Cette touffe sauvage a donc un visage.

Comme l'amour, l'art n'est pas plaisir mais passion.

André Malraux, Les voix du silence.

mercredi, mai 24, 2006

Erection



ERECTION : n. f. XVe siècle, ereccion ; refait au XVIe siècle. Emprunté du latin impérial erectio, « action d'ériger ». 1. Action de dresser à la verticale. L'érection d'une colonne, d'une statue, d'un obélisque. Par ext. Action de construire un édifice, d'élever un monument. L'érection d'un temple, d'un palais. 2. Fig. et vieilli. Action d'établir, de fonder une institution, une charge. L'érection d'un office. L'érection d'un tribunal. Spécialt. Le fait de promouvoir à un certain rang, d'élever à une condition supérieure. L'érection d'un fief en duché. 3. PHYSIOL. Le fait, pour certains tissus ou certains organes, de se durcir par afflux de sang dans les vaisseaux. L'érection du pénis ou, absolt., l'érection. Par ext. Le froid, la frayeur provoquent l'érection des poils.

L'obélisque du Vatican déjà érigé, c'est bandant non ?

Autre type d'érection, plus agréable au regard.

"En bouton de sonnette" comme dirait ma collègue.

C'est comme ça quand il fait froid ou quand tu m'excites.

Bjorn Olsen

Les érections de la pensée sont comme celles du corps : elles ne viennent pas à volonté.

Gustave Flaubert

mercredi, mai 10, 2006

Interrogation


Jean Sébastien Monzani, Cenora.

Prenez une feuille, c'est une interro !
Répondez à ce questionnaire amusant. C'est sympa aussi entre amis.


Le principal trait de mon caractère

La qualité que je désire chez un homme

La qualité que je désire chez une femme

Ce que j'apprécie le plus chez mes amis

Mon principal défaut

Mon occupation préférée

Mon rêve de bonheur

Quel serait mon plus grand malheur

Ce que je voudrais être

Le pays où je désirerais vivre

La couleur que je préfère

La fleur que j'aime

L'oiseau que je préfère

Mes auteurs favoris en prose

Mes poètes préférés

Mes héros dans la fiction

Mes héroïnes favorites dans la fiction

Mes compositeurs préférés

Mes peintres favoris

Mes héros dans la vie réelle

Ce que je déteste par-dessus tout

Le don de la nature que je voudrais avoir

Comment j'aimerais mourir

Etat présent de mon esprit

Fautes qui m'inspirent le plus d'indulgence

Ma devise
C'est fait ? Comparez avec ce qu'à écrit Marcel Proust (le fameux "questionnaire de Proust").
Ramón Casas, Interior al aire libre, 1892.



Marcel Proust par lui-même

Le principal trait de mon caractère. - Le besoin d'être aimé et, pour préciser, le besoin d'être caressé et gâté bien plus que le besoin d'être admiré.
La qualité que je désire chez un homme. - Des charmes féminins.
La qualité que je désire chez une femme. - Des vertus d'homme et la franchise dans la camaraderie.
Ce que j'apprécie le plus chez mes amis. - D'être tendre pour moi, si leur personne est assez exquise pour donner un grand prix à leur tendresse.
Mon principal défaut. - Ne pas savoir, ne pas pouvoir "vouloir".
Mon occupation préférée. - Aimer.
Mon rêve de bonheur. - J'ai peur qu'il ne soit pas assez élevé, je n'ose pas le dire, j'ai peur de le détruire en le disant.
Quel serait mon plus grand malheur. - ne pas avoir connu ma mère ni ma grand-mère.
Ce que je voudrais être. - Moi, comme les gens que j'admire me voudraient.
Le pays où je désirerais vivre. - Celui où certaines choses que je voudrais se réaliseraient comme par un enchantement et où les tendresses seraient toujours partagées.
La couleur que je préfère. - La beauté n'est pas dans les couleurs, mais dans leur harmonie.
La fleur que j'aime. - La sienne- et après, toutes.
L'oiseau que je préfère. - L'hirondelle.
Mes auteurs favoris en prose. - Aujourd'hui Anatole France et Pierre Loti.
Mes poètes préférés. - Baudelaire et Alfred de Vigny.
Mes héros dans la fiction. - Hamlet.
Mes héroïnes favorites dans la fiction. - Bérénice.
Mes compositeurs préférés. - Beethoven, Wagner, Schumann.
Mes peintres favoris. - Léonard de Vinci, Rembrandt.
Mes héros dans la vie réelle. - M. Darlu, M. Boutroux.
Mes héroïnes dans l'histoire. - Cléopâtre.
Mes noms favoris. - Je n'en ai qu'un à la fois.
Ce que je déteste par-dessus tout. - Ce qu'il y a de mal en moi.
Caractères historiques que je méprise le plus. - Je ne suis pas assez instruit.
Le fait militaire que j'admire le plus. - Mon volontariat!
La réforme que j'estime le plus. -
Le don de la nature que je voudrais avoir. - La volonté, et des séductions.
Comment j'aimerais mourir. - Meilleur - et aimé.
État présent de mon esprit. - L'ennui d'avoir pensé à moi pour répondre à toutes ces questions.
Fautes qui m'inspirent le plus d'indulgence. - Celles que je comprends.
Ma devise. - J'aurais trop peur qu'elle ne me porte malheur.



Dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel.

Camille Belguise, Echos du silence.

vendredi, mai 05, 2006

Anniversaire

Oui, c'est aujourd'hui... Le 5 mai 1818 naît Karl Marx ; le 5 mai 1789 les Etats Généraux se réunissent pour la première fois depuis 1614, à Versailles ; le 5 mai 1972 Moscou affiche sa toute première publicité "Pepsi Cola"... ; le 5 mai 1821 s'éteint, seul et exilé Napoléon Bonaparte... et je nais à Paris en 1907... (Même pas vrai !).

Deuxième signe du zodiaque et premier signe de terre, le Taureau, nocturne et féminin, est gouverné par Vénus. On le dit d'un tempérament puissant, qu'il est gourmand :o( et affectueux :o)

Que dit-on des Taureau ?

Le natif du Taureau aime le plaisir, il aime la simplicité. Sa nature heureuse le prédispose au bonheur et lui fait fuir par instinct les situations complexes dont l'issue ne lui appraît pas clairement. Fidèle dans ses amitiés, il veille sur les siens avec un soin jaloux et leur prodigue sans ambages des attentions de propriétaire bienveillant. Il déploie une belle énergie pour s'établir dans l'existence et montre pour cela une constance dans l'effort et une farouche détermination. Si le Bélier investit l'énergie, le Taureau la consomme. Il varie peu dans ses sentiments et dans ses objectifs. Il est notoirement obstiné, voire têtu. Le Taureau a généralement une forte complexion physique (comme Balzac ou Orson Welles), son mental est réservé, voire timide. Calme et pondéré, il s'extériorise peu mais révèle au contraire sa puisssante nature dans un effort lentement déployé. Cependant, cet être doux, naïf parfois, cédera devant la trahison a une effroyable colère. Les natifs du deuxième décan ont un charme tout personnel et une vitalité hors du commun, ainsi que la faculté innée de parvenir à leurs fins.

Des Taureau ? Citons :

André Agassi - Alphonse XIII, roi d'Espagne - Arletty - Fred Astaire - Honoré de Balzac - Sydney Bechet - Björn Borg - Georges Braque - Johannes Brahms - Aristide Bruant - Catherine de Russie - Gary Cooper - Pierre Curie - Salvador Dali - Danielle Darrieux - Eugène Delacroix - Maurice Druon - Henri Dunant - Duke Ellington - Impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III - Gabriel Fauré - Fernandel - Ella Fitzgerald - Sigmund Freud - Pierre Fresnay - Jean Gabin - Joseph Galliéni - Romain Gary - Audrey Hepburn - Ho-chi Minh - Alfred Kastler - Nicolas Hulot - Wladimir Illitch Lénine - Jules Massenet - Karl Marx - Yehudi Menuhin - Henry de Montherlant - Jacob Oppenheimer - Al Pacino - Max Planck - Fernand Raynaud - Jean Rochefort - Roberto Rossellini - Tino Rossi - Erik Satie - Ettore Scola- Bertrand Tavernier - Haroun Tazieff - Piotr Tchaïkovski - Pierre Teilhard de Chardin - Maurice Thorez - Ari Vatanen - Rudolph Valentino - Orson Welles - Achille Zavatta

Voilà, vous savez tout...


Une année de plus à notre âge est une année de moins à notre vie, l'anniversaire est-il alors fête ou deuil ?
Wail Bouabid




Les âges de la vie.


Luis Ricardo Falero, La vision de Faust, 1878.
Mais qu'importe l'éternité de la damnation a qui a trouvé dans une seconde l'infini de la jouissance !
Baudelaire, Le spleen de Paris.
No soy. Seré;
que sólo por pretender ser más de lo que hay en mí menosprecié lo que fui por lo que tengo de ser.
Tirso de Molina (1583 ?-1648), El vergonzoso en palacio, acte I, réplique de Mireno au Duc de Avero.

mercredi, mai 03, 2006

L'infini

L'horizon souligne l'infini.
Victor Hugo
Dejan Dizdar
La mort, c'est l'élargissement dans l'infini.
Victor Hugo, L'homme qui rit.

Face à face

Ignacio Álvarez


L'érotisme est un pouvoir sexuel sans bornes, illimité, démesuré.
Il faut le craindre.
Marquis de sade



C'est fini pour aujourd'hui

Van Hove, Après la pose.

Tout portrait qu'on peint avec âme est un portrait non du modèle, mais de l'artiste.
Oscar Wilde, Le portrait de Dorian Gray.

mardi, mai 02, 2006

Le lit

La poésie se fait dans un lit comme l'amour. Ses draps défaits sont l'aurore des choses.
André Breton



Un lit, c'est presque un livre. On se glisse entre les draps comme entre deux pages et on devient soi-même une belle histoire.
Jacqueline Mabit (1919- ), Les hommes ont un passé.





Jonvelle