mercredi, janvier 25, 2006

Il y a des pays où les gens aux creux des lits font des rêves ...

Derrière les barbelés.

Jeunes enfants.

Des regrets ? Existe-t-il un avenir ?

Photo prise par Joseph Weil, médecin des camps.

Non, ce n'est pas un camps de concentration nazi. C'est en France, dans les Pyrénées, à environ 10 km d'Oloron-Sainte-Marie, à Gurs précisément. Avec une capacité " d'accueil " de 18500 personnes, le camp de Gurs est le plus grand camp du sud de la France. Construit en 42 jours, de mars à avril 1939 pour interner les combattants de l'armée républicaine espagnole vaincue par le franquisme, il sera utilisé ensuite comme centre d'internement pour les indésirables du régime de Vichy et deviendra l'une des bases de la déportation des juifs en France. Le camp est définitivement fermé le 31 décembre 1945.

Citons également les camps de : Agde, Argeles-sur-Mer, Compiègne, Saint-Cyprien, Barcarés, Collioure, Bram, Rivesaltes, Vernet d'Ariège, Septfonds, Rieucros, Les Milles, Noé, ..

Antonio ! Je m'appelle Antonio. J'étais anarchiste, anarchiste espagnol. En 36, j'ai cru au bonheur, à la liberté. J'ai espéré ne plus devoir attendre, aligné avec mes camarades contre le mur de l'église, que les propriétaires daignent me choisir pour cueillir les olives ou les amandes dans leurs champs. J'ai rêvé d'un monde plus juste, j'ai rêvé de pouvoir donner du pain à mes enfants. Et puis, il y a eu Franco. Avec tant d'autres, j'ai hurlé " no pasarán ". Je me suis battu. J'ai cru mille fois mourir à Madrid ou ailleurs ... Ils sont passés !
Je me suis battu encore jusqu'à ce que cela ne fût plus possible, jusqu'au bout de mes forces, avec ma vieille pétoire, avec mes poings. Mon père a été fusillé dans la cour de la ferme, devant sa femme, devant mes jeunes frères, parce qu'il refusait de crier " Vive Franco ". Ma mère est folle aujourd'hui. Folle de douleur... Ils sont passés !
Trahi par Staline, vaincu par Franco, j'ai traversé les Pyrénées. Exténué, j'ai rejoint la France. Et j'attends. J'attends comme un voleur. J'attends parmi les damnés, les éternels vaincus de l'Histoire. J'attends dans la boue, dans le froid, prisonnier au pays des libertés. J'attends de pouvoir un jour retourner au pays. J'attends de revoir ma femme, mes enfants. Que sont-ils devenus ? Et ma mère, et mes frères ?
Demain, après-demain, dès que possible, je m'enfuirai, j'irai les rejoindre. Ici, ma vie n'a plus de sens. Et puis, il y a cette crasse, l'humidité des baraques de planches, les barbelés, la solitude, le déshonneur. Malheur aux vaincus ! Ici, rien n'a plus de sens ! Il doit bien y avoir un pays où les gens aux creux des lits font des rêves ...

[http://gurs.free.fr/]




LUIS CERNUDA
UN ESPAÑOL HABLA DE SU TIERRA

Las playas, parameras
al rubio sol durmiendo,
los oteros, las vegas
en paz, a solas, lejos;

los castillos, ermitas,
cortijos y conventos,
la vida con la historia,
tan dulces al recuerdo,

ellos, los vencedores
Caínes sempiternos,
de todo me arrancaron.
Me dejan el destierro.

Una mano divina
tú tierra alzó en mi cuerpo
y allí la voz dispuso
que hablase tu silencio.

Contigo solo estaba,
en ti sola creyendo;
pensar tu nombre ahora
envenena mis sueños.

Amargos son los días
de la vida, viviendo
sólo una larga espera
a fuerza de recuerdos.

Un día, tú ya libre
de la mentira de ellos,
me buscarás. Entonces
¿qué ha de decir un muerto?
Je suis partie de tout ce que j'ai rencontré sur mon chemin.
Alfred Tennyson (1809-1892).
Josep Bartolí, como miembro del ejército republicano español y aún con su uniforme, cruzó la frontera el 14 de febrero de 1939 con tantos otros españoles y miembros de las brigadas internacionales. De inmediato le sorprendió lo que Francia les deparaba: estuvo en los campos de refugiados improvisados en un primer momento, como el del río Tec, y en los campos de concentración que fueron apareciendo (en la Menera, Ribesaltes, Sant Cebrià y Adge, un campo para catalanes). Y de allí al suelo cubierto de paja del hospital de Perpiñán. Escapa a París, donde vive con su hermano y le ayuda a diseñar vestuario para un proyecto teatral. Pero con la llegada de la Segunda Guerra Mundial tiene que salir de París y refugiarse en un pueblo cercano en casa de un vice-cónsul colombiano. Cuando los alemanes ocupan París, él es de los que cierran el éxodo que sale de la ciudad, y que para los españoles es el segundo en poco tiempo. Se oculta en Chartres con la ayuda de un jefe de policía socialista. De allí va a Orleans, La-Ferté y Burdeos, con la esperanza de coger un barco que no existirá. En un pueblo cercano a Burdeos es arrestado por la policía belga y encerrado en un pequeño campo de "espera" del que consigue escapar con ayuda de un capitán francés antinazi. Es detenido de nuevo poco después y llevado a Bram, un campo de castigo. De allí también escapa gracias a un grupo de jóvenes que ayudaba a la gente a huir de los campos. Se refugia un tiempo en Valras-Plage con su otro hermano, donde trabaja en la viña. Va a Biarson y después a Vichy, donde le arresta la Gestapo. Éstos le envían al campo de la muerte de Dachau, en Alemania, pero en el último momento logra saltar del tren que lo trasladaba allí. Vuelve a Valras y desde allí va dos veces a Seta creyendo que va a poder embarcar, pero no lo consigue. Finalmente con muchas dificultades, y después de ocultarse en el consulado mexicano, embarca en Marsella en el «Liauthey» con ayuda del comité judío. Desembarca en Túnez, de allí va a Orán, Marruecos, y Casablanca, donde embarca en el «Niasa», barco portugués, del que les pasan a otro barco que les lleva a Isla Trinidad, Santo Domingo, y, finalmente, Veracruz, donde llega ya los últimos meses de la Segunda Guerra Mundial. Así sigue su exilio, ya sin sobresaltos, en México y Estados Unidos.