dimanche, novembre 06, 2005

Ce qu'il me faut


Ce qu'il me faut

Chantez, chantez encore, rêveurs mélancoliques,
Vos doucereux amours et vos beautés mystiques
Qui baisent les deux yeux
Des paroles du cœur, vantez-moi la puissance,
Et la virginité des robes d'innocence,
Et les premiers aveux.

Ce qu'il me faut à moi, c'est la brutale orgie,
La brune courtisane à la lèvre rougie
Qui se pâme et se tord ;
Qui s'enlace à vos bras dans sa fougueuse ivresse,
Qui laisse ses cheveux se dérouler en tresse,
Vous étreint et vous mord !

C'est une femme ardente autant qu'une espagnole,
Dont les transports d'amour rendent la tête folle
Et font craquer le lit ;
C'est une passion forte comme la fièvre,
Une lèvre de feu qui s'attache à ma lèvre
Pendant Une nuit !

C'est une cuisse blanche à la mienne enlacée,
Une lèvre de feu d'où jaillit la pensée ;
Ce sont surtout deux seins,
Fruits d'amour arrondis par une main divine,
Qui tous deux à la fois vibrent sur la poitrine,
Qu'on prend à pleines mains.

Eh bien ! venez encor me vanter vos pucelles
Avec leurs regards froids, avec leurs tailles frêles,
Frêles comme un roseau ;
Qui n'osent d'un seul doigt vous toucher, ni rien dire,
Qui n'osent regarder et craignent de sourire,
Ne boivent que de l'eau.

Non ! vous ne valez pas, ô tendre jeune fille,
Au teint frais et si pur caché sous la mantille,
Et dans le blanc satin,
Non, dames de grand ton, en tout, tant que vous êtes,
Non, vous ne valez pas, femmes dites honnêtes,
Un amour de catin !

Alfred de Musset

Julio Romero de Torres, Cante Jondo, 1929.

Romero de Torres ya se encuentra enfermo cuando acomete esta magistral obra. En ella vienen a confluir todas las claves de la pintura del maestro y del gran simbolista que fue. Esta equilibrada composición encierra las notas de la lírica popular andaluza, de una poesía fruto del paso de los siglos y de las distintas civilizaciones que la fraguaron. Entorno a la figura central, mujer y símbolo de la fatalidad, giran todos los sentimientos y pasiones humanas: el amor, los celos y la muerte. La mantilla da a la figura cierto toque de erotismo, jugando entre la ambigüedad de lo sagrado y lo profano. Sobre sus manos sostiene una guitarra que sirve de eje de simetría, al tiempo que se eleva sobre un pedestal de platería cordobesa. A sus pies un amante celoso acaba de acuchillar a su amada. A su derecha se besan una pareja de enamorados y, tras ella, una joven yace muerta en un ataúd, similar al cuadro ¡Mira qué bonita era!, mientras, a cada lado, sus hijos lloran sobre el féretro y su galgo Pacheco aúlla de dolor, escena esta última que parece preludiar la muerte del pintor. Cada una de las escenas transcurre de un modo independiente, a la manera de un retablo, al tiempo que todas juntas crean una sensación de armonía. Al fondo, bajo un cielo tempestuoso, obsevamos un paisaje imaginario y miniaturista. El tema del Flamenco y copla aparece también en: Malagueñas, Seguidillas, La copla, Alegrías, La saeta y Carcelera.

(Comentario del Museo Julio Romero de Torres, Córdoba).

J'ai toujours préféré la folie des passions à la sagesse de l'indifférence.

Anatole France, Le crime de Sylvestre Bonnard.