mercredi, juillet 06, 2005

Les jeux de l'amour et de la poésie.

Lettre de George SAND à Alfred de MUSSET.

Cette lettre est authentique autant dans le texte que dans la forme.

Je suis très émue de vous dire que j'ai

bien compris l'autre soir que aviez

toujours une envie folle de me faire

danser. Je garde le souvenir de votre

baiser et je voudrais bien que ce soit

là une preuve que je puisse être aimée

par vous. Je suis prête à vous montrer mon

affection toute désintéressée et sans cal-

cul, et si vous voulez me voir aussi

vous dévoiler sans artifice mon âme

toute nue, venez me faire une visite.

Nous causerons en amis, franchement.

Je vous prouverai que je suis la femme

sincère, capable de vous offrir l'affection

la plus profonde comme la plus étroite

amitié, en un mot la meilleure preuve

que vous puissiez rêver, puisque votre

âme est libre. Pensez que la solitude où j'ha-

bite est bien longue, bien dure et souvent

difficile. Ainsi en y songeant j'ai l'âme

grosse. Accourez donc vite et venez me la

faire oublier par l'amour où je veux me

mettre.

Maintenant, on recommence la lecture en sautant une ligne sur deux...

Alfred de Musset a répondu ceci :

Quand je vous jure, hélas, un éternel hommage

Voulez-vous qu'un instant je change de langage

Que ne puis-je, avec vous, goûter le vrai bonheur

Je vous aime, ô ma belle, et ma plume en délire

Couche sur le papier ce que je n'ose dire

Avec soin, de mes vers, lisez le premier mot

Vous saurez quel remède apporter à mes maux.

De la même manière George Sand a répondu ceci :

Cette grande faveur que votre ardeur réclame

Nuit peut-être à l'honneur mais répond à ma flamme.

Bel acrostiche n'est-ce pas ?